Personnes âgées : pourquoi dorment-elles la bouche ouverte ?

14 % des plus de 65 ans dorment régulièrement la bouche ouverte. Ce chiffre ne relève pas de la simple statistique : il dit beaucoup sur la mécanique du vieillissement et le bouleversement silencieux du sommeil passé un certain âge.

Pourquoi les personnes âgées dorment-elles souvent la bouche ouverte ?

Chez les seniors, la respiration buccale ne s’installe jamais par hasard. Le corps vieillit, les muscles du visage faiblissent, et ce relâchement se trahit la nuit. Résultat : la bouche s’entrouvre sans même y penser, laissant passer l’air par défaut, comme une vieille habitude prise sur le tard.

Mais ne tout réduire aux muscles serait trop commode. Avec les années, des troubles chroniques s’accumulent : nez congestionné presque toute l’année, épisodes répétés d’hypersomnolence, petits ou gros rhumes. Quand respirer par le nez devient fastidieux, l’organisme opte pour le parcours du moindre effort. Et pour certaines personnes âgées, cette adaptation finit par s’ancrer chaque nuit.

Ouvrir la bouche pour respirer n’a rien d’inoffensif. Cela accélère la sécheresse buccale, irrite la gorge, et ouvre la porte à diverses infections. Vieillir, c’est voir se combiner moins de tonus musculaire, des soucis de respiration nasale persistants et un sommeil de moins bonne qualité. Et c’est ce trio discret qui met en place la respiration nocturne par la bouche.

Les causes fréquentes à l’origine de la respiration buccale chez les seniors

De nombreux facteurs se regroupent derrière leur tendance à respirer par la bouche la nuit. Voici les principaux, parfois imbriqués les uns aux autres :

  • Congestion nasale : allergies qui durent, rhumes à répétition, polypes ou déviation de la cloison nasale gênent la respiration en bouchant le nez.
  • Médicaments : certains traitements donnés chez les plus âgés entraînent la sécheresse buccale ou aggravent la congestion. Antihypertenseurs, antidépresseurs, anxiolytiques, anticholinergiques figurent souvent dans la liste.
  • Modifications anatomiques : amygdales volumineuses, polypes ou autres changements liés à l’âge empêchent l’air de circuler normalement dans les voies supérieures.

S’allonger sur le dos pour dormir accentue naturellement l’ouverture de la bouche, surtout quand ronflements ou apnées du sommeil compliquent encore les choses. Ceux qui fument voient la gorge s’irriter en permanence, offrant aux problèmes respiratoires un terrain propice à la répétition.

Enfin, les troubles du sommeil tels que l’hypersomnolence ou les nuits fragmentées pèsent sur la situation. Chacun de ces éléments compte et, souvent, tout s’entremêle sans qu’on y prenne garde au fil du temps.

Quels risques pour la santé lorsque l’on dort la bouche ouverte ?

Dormir la bouche entrouverte n’est pas qu’un souci mineur ou une posture malheureuse. La salive, véritable alliée contre les bactéries, se raréfie. Rapidement, sécheresse buccale, caries, infections buccales et gencives irritées surgissent. Les professionnels de la bouche notent d’ailleurs une augmentation des soucis de mauvaise haleine et de maladies parodontales chez ces dormeurs bouche ouverte.

Ce n’est pas le seul revers. Le sommeil se fragmente, la respiration devient bruyante, qui avec ses ronflements, qui avec de vraies pauses respiratoires. Le cerveau en souffre : le manque d’oxygène entraîne une fatigue qui s’installe, une baisse de la concentration, parfois même des humeurs vacillantes. La qualité de vie décroche sensiblement.

Autre point à surveiller de près : l’hypertension et le risque cardiovasculaire progressent en cas d’apnée du sommeil chronique. Des travaux récents pointent une corrélation nette entre la respiration nocturne par la bouche et l’augmentation des accidents cardiaques ou cérébraux. En clair, le signal est suffisamment fort pour que de nombreux professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme.

Homme âgé endormi dans un lit d

Des solutions simples pour mieux respirer la nuit après 65 ans

Certains gestes quotidiens apportent plus de confort la nuit, parfois avec des résultats rapides. Voici les mesures les plus utiles à tester :

  • Entretenir un nez dégagé : un lavage régulier au sérum physiologique ou à l’aide d’un spray est un réflexe simple pour limiter la congestion, surtout en cas d’allergies ou de rhume saisonnier.
  • Éviter l’air trop sec dans la chambre, en aérant régulièrement et en recourant à un humidificateur pour préserver des muqueuses en bon état.
  • Changer de position de sommeil, en favorisant le côté au lieu du dos, afin de réduire le risque d’ouverture involontaire de la bouche.

Si les ronflements ou l’apnée du sommeil s’installent, un rendez-vous avec un professionnel de santé (médecin ou ORL) sera judicieux. Selon la situation, un appareil buccal ou une machine CPAP peut être conseillé pour retrouver des nuits plus sereines et une respiration libre.

Travailler la tonicité des muscles du visage grâce à des exercices encadrés par un orthophoniste ou un kinésithérapeute (la fameuse thérapie myofonctionnelle) aide aussi à refermer la bouche sans y penser la nuit venue. Arrêter de fumer apporte par ailleurs un surcroît de confort respiratoire non négligeable. Un suivi régulier chez le dentiste permet de prévenir et gérer sans attendre la sécheresse ou les inflammations de la bouche.

Au bout du compte, préserver un sommeil où la respiration reste naturelle permet au corps de vieillir sans compromettre ce précieux équilibre nocturne. Garder la bouche fermée la nuit, pour un senior, c’est parfois redécouvrir le vrai repos du guerrier.